LE MÉDIAPHI

LES DERNIERS ARTICLES

  • Prolégomènes à toute révolte étudiante future
    A quoi sert-il d’aller à la faculté de philosophie ? D’ordinaire, la réponse est donnée par le silence qui accompagne le déroulement borné des habitudes : si la faculté fonctionne, elle fonctionne bien pour quelque chose. Impossible pour un étudiant d’envisager sérieusement la question. Il n’a que rarement le temps de réfléchir : il doit philosopher. Seule la perspective sérieuse de l’arrêt permet d’interroger ce qui fonctionne.
  • 2B, représenter l’humanité
    Le personnage central de Nier Automata dont lea joueur·euse a le contrôle pendant la majorité du jeu est 2B. 2B est un androïde créé par l’humanité pour mener la guerre contre des robots envoyés par une espèce extraterrestre et qui ont forcé l’espèce humaine a quitter la planète. Le scénario nous révèle que l’humanité, au loin du champ de bataille dans lequel combat 2B, a disparu. Comment alors 2B peut-elle encore représenter une humanité qui n’existe plus ?
  • Nier Automata : je joue, donc nous sommes
    « Dieu est mort », c’est ce mot célèbre du philosophe Friedrich Nietzsche que le jeu vidéo Nier Automata met en scène en le prenant au pied de la lettre. Une mise en scène qui passe d’abord par un scénario qui, dans sa trame principale, pourrait se résumer ainsi : en 11945, sur terre, l’humanité mène une guerre contre une espèce extraterrestre. Seulement, cette guerre est en réalité faite par procuration. Alors que les extraterrestres envoient des robots pour combattre, les humains ayant fui la planète envoient pour leur part des androïdes lutter à leur place. Lea joueur·se incarne pour une part importante du jeu l’une de ces androïdes : 2B (la prononciation anglaise renvoyant bien sûr à la fameuse question de Hamlet « to be or not to be »). Rapidement un retournement scénaristique apparaît : l’espèce des extraterrestres comme l’humanité se sont éteintes au loin de la planète où se mène le combat. Les robots comme les androïdes se retrouvent alors sans créateur, la fonction qui leur était assignée perd son sens : Dieu est mort.
  • Moteur, ça tourne et fuyons ! Typologie du monstre au cinéma
    Créature à la fois effrayante et fascinante, le monstre est depuis des siècles le sujet d’autant d’histoires qu’il n’y a de cultures. Omniprésent dans les mythologies antiques jusqu’aux romans actuels, c’est avec l’invention et l’essor du cinéma que celui-ci a pris une place plus qu’importante dans l’imaginaire collectif. Il représente un exutoire pour nos peurs, une incarnation nous dédouanant de nos pensées les plus sombres, une aberration qu’il faut pointer du doigt, monstrare de son étymologie latine. Cependant, bien qu’un comportement dit « monstrueux » puisse être attribué à une personne et ses actions, cet article traitera seulement du monstre en tant que créature se définissant non-humaine.
  • Représenter le sexe
    Pendant qu’Instagram censure l’Origine du monde ainsi que tous les posts où un téton féminin oserait se pointer, je vous propose un petit détour par le Moyen Age où l’on pouvait croiser une « femme sculptée [ouvrant] son sexe avec les mains » dans la nef d’une église, « des sodomites » dans un livre de prières médiévales ainsi que des « culs sculptés » dans un décor urbain. Les uns crieront à l’obscénité, à la nudité choquante et intolérable, les autres riront de la pudibonderie exagérée et insensée de ces derniers : où donc placer les limites de la décence ?
  • Le corps de l’artiste
    « Le corps est notre dernier sanctuaire » : à l’occasion d’une interview au micro de France culture, le chorégraphe Angelin Preljocaj aborde la thématique du corps chez les danseur·euse·s. Et plus particulièrement au sein du processus chorégraphique, là où, selon lui, tout se joue.
  • Petit portrait de la littérature, de son industrie et de l’écrivain au XIXe siècle.
    La Révolution de 1789, en France, et les périodes qui s’ensuivent, symbolisent l’émergence douloureuse d’une ère nouvelle. Croisées des chemins entre un Ancien Régime désuet et espérance en tout genre, du chaos apparent s’initie le désordre, et du désordre s’esquisse, au sfumato, l’ordre. Dans le même temps, et parfois à des fins concomitantes, l’imaginaire collectif se ceint d’un nouvel outil : l’industrie. Une industrie en mesure de produire une identité commune originale, notamment par la littérature. La littérature, qui était jusque lors l’apanage d’une élite de sang, économique et intellectuelle, voit son lectorat multiplié. Mais qu’en est-il vraiment de cette démocratisation de la littérature ? Est-elle le fer de lance de la démocratie politique, des idées, des savoirs ?
  • L’Imaginaire,une sous-littérature ?
    Lorsqu’on parle d’imaginaire en littérature, nombreux sont celles et ceux ayant tendance à penser spontanément aux contes et autres histoires destinées aux enfants. En France, nous pouvons dire que la littérature se sépare en deux catégories distinctes : la blanche et la noire. La littérature blanche se caractérise par des œuvres dites classiques, répondant aux attentes d’une forme d’érudition et de sagesse que ne semble pas garantir son antipode, la littérature noire. Cette dernière se décline de la première de par son appartenance à l’imaginaire, regroupant ainsi la science-fiction, les polars, le fantastique ; plus généralement tout ce qui sort du réel auquel est rattachée la littérature blanche, celle-ci se voulant d’un niveau intellectuel supérieur à la noire.
  • Ombres, Créatures et Abominations
    Comment imaginer une littérature d’épouvante sans son florilège de monstres ? Comment parler de ce qui nous effraie chez Poe, Stoker, King… sans parler des figures monstrueuses et étranges dont ils peuplent leurs écrits ? Qu’il soit fait de chair et d’os, qu’il souille d’ectoplasmes l’air où il est suspendu ou qu’il prenne encore la forme d’une ombre sournoise, cachée là, au fond de l’esprit humain, peu importe ; il y a toujours un monstre.
  • The Monster
    The Monster est un personnage protéiforme, fruit de l’inconscient, il parcourt nos imaginaires et notre ADN. Symbole qui n’a pas fonction de faire autre chose que symboliser, il demeure du royaume du rêve et il est bon de ne pas trop en parler…
  • Le « monstrueux » chez Claude Cahun
    L’œuvre poétique et photographique de Claude Cahun (1894-1954), constituée dans la première moitié du 20ème siècle, fut redécouverte dans les années 1980. Cette reconnaissance tardive s’est effectuée en lien avec l’émergence dans l’opinion publique des questions du genre et de la transidentité. L’essai biographique de François Leperlier, C. Cahun. L’exotisme intérieur (Fayard, 2006), un catalogue chez Jean-Michel Place (1995), l’autre suite à une exposition au Musée du Jeu de Paume (2011), ont contribué à rétablir son œuvre dans l’histoire littéraire et plastique de la modernité.
  • Les monstres chez Gramsci : des phénomènes morbides propres aux crises du capitalisme
    « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Chez Gramsci, intellectuel et dirigeant du parti communiste italien au début du XXe siècle, les monstres sont consubstantiels à ces périodes d’ « interrègne » , « d’équilibre catastrophique des forces », que sont les crises. Cette citation célèbre issue des Cahiers de Prison, nous amène ainsi à chercher la raison de l’émergence des monstres politiques que nous rencontrons en période d’instabilité systémique, dans le développement même d’un type de crise propre à nos sociétés capitalistes modernes.
  • La matière indocile
    Fiction de l’imagination délirante, le monstre est tout autant un problème de philosophie naturelle. Qu’elle désigne des chimères étranges, comme lorsque Empédocle mentionne le cas de ces êtres mi-bovins mi-humains progressivement supprimés par l’ordonnancement du monde, ou des malformations congénitales non viables, comme le cas de cette chèvre à deux têtes née en 2020 dans une ferme du Wisconsin, ou n’importe quelle difformité plus ou moins anodine – avoir six doigts plutôt que cinq – la monstruosité pose la question de son origine. Comment une nature réglée, où règnent l’ordre et la loi, peut-elle produire ce type d’écart ? Comment rendre compte de ces déviations de la matière vivante ?
  • Dans les failles de l’éducation : Réinventer les rapports enfants-adultes
    Interroger les relations de domination des adultes sur les enfants ne peut se faire sans mettre sur la table la question de l’éducation. En questionnant la multiplicité des possibilités pédagogiques, on peut entrevoir les lieux et les manières d’autres expériences qui déconstruisent l’évidence d’un impératif d’éducation telle qu’elle a cours actuellement. Sophie Audidière est maîtresse de conférence à l’Université de Bourgogne. Antoine Janvier est maître de conférence à l’Université de Liège. Ensemble, ils ont dirigé l’ouvrage «Il faut éduquer les enfants…» L’idéologie de l’éducation en question (2022, ENS Editions).
  • La violence faite aux enfants dans la littérature et dans l’imaginaire
    À l’heure où le sujet des violences faites aux enfants ressurgit plus que jamais dans les conversations, et où le voile sur l’inceste et la pédocriminalité commence à être levé, il convient de parler de leur évocation dans la littérature et dans les arts. Lorsque les victimes se réapproprient leurs histoires à travers les écrits, c’est d’abord comme cela qu’enfin le silence se brise.
  • Briser le statut d’infans : Quand les personnes adoptées disent leur histoire
    Au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant », les procédures d’adoption transnationales définissent un faire famille idéal et continuent de prendre pour modèle la famille biologique. Depuis quelques années, les enfants adopté·es devenu·es adultes se réapproprient leur histoire et apportent un regard critique et politique sur ces parcours.
  • La place de l’enfant dans un monde d’adultes
    L’idée selon laquelle les enfants ont besoin d’amis adultes, exprime l’importance de nouer des relations dès le plus jeune âge. C’est un besoin humain. Elle montre aussi un besoin de sécurité. C’est dans S’évader de l’enfance (1974) que John Holt tente de libérer l’enfant de considérations qui ne favorisent pas son bon développement ni son épanouissement le plus fort. Ces considérations sont propres aux adultes, et s’inscrivent dans une éducation normative. La puissance de l’habitude fait que certaines attitudes, certains comportements et discours qu’ont les adultes avec les enfants sont à l’heure actuelle banalisés. Il semble essentiel de savoir ce qui peut être amélioré dans nos relations avec eux pour mieux les considérer et leur laisser une plus juste place dans notre monde de « grandes personnes », en interrogeant ce qui en fait obstacle. 
  • L’écologie coercitive face au libéralisme politique
    L’écologie repose sur un consensus : la destruction écologique prend une ampleur telle qu’elle nous impose de réagir. Si on se penche sur le débat public pourtant, on s’aperçoit qu’elle n’est acceptée qu’en tant que série d’actions individuelles, que les pouvoirs publics ne pourraient qu’inciter sans l’imposer. Au-delà des illusions qu’on peut entretenir dans ces matières, on entrevoit que ce qui est rejeté c’est la légitimité des pouvoirs publics à limiter la liberté des individus.
  • Exorciser Lyon III
    Le mouvement contre la réforme des retraite a été d’ampleur historique. Ce mouvement n’a pas été sans répercussion sur la vie politique à l’université Jean Moulin. Lyon III a montré qu’elle n’était pas hors de la société et a aussi connu quelques instants historiques. Ces instants peuvent être replacés dans une histoire plus longue de l’université dont les récents sursauts politiques ont parfois fait ressortir les vieux monstres.
  • Chaque matin comme un jour de manif’
    L’ère de l’individualiste est bien paradoxale : alors que ce dernier est considéré comme un « égoïste » qui agit « en fonction de son intérêt immédiat », la mobilisation sociale nous montre des individus indépendants se rassembler, se mêler et protester ensemble pour leurs droits communs et leurs revendications… Par quel prisme aborder ce phénomène? Relève-t-il de l’ordinaire ou du spectaculaire ? Quelle expérience en fait-on ?
  • Des doctrines aux latrines
    onde fascinant que sont les toilettes publiques, en plus de pouvoir y déduire le niveau de richesse et d’investissement sanitaire de la structure dans laquelle elles se trouvent, elles sont un petit monde intime où foisonnent slogans politiques, phrases philosophiques et autres punchlines toutes plus créatives les unes que les autres et il n’aura échappé à personnes que ces dernières sont en grande parties des réactions à chaud sur l’actualité.
  • Appel à contributions : Pourquoi un numéro sur la monstruosité ?
    et parfois intolérable. Personnages et créatures malfaisantes, cruelles, antagonistes par excellence ou alors métaphore d’un système corrompu et corrupteur, le monstrueux est bien souvent le trait qui pointe la présence d’un mal latent. Mais si l’on fait souvent une analogie entre monstruosité physique et morale, le monstre est avant tout l’extraordinaire : celui dont la particularité le place hors de la norme et le détache du reste de la société. La relation entre le monstre et la normalité est ambivalente.
  • Faire jouer pour contrôler
    Dans leur livre Total engagement, using games and virtual worlds to change the way people works and businesses compete (2009) Byron Reeves et J. Leigthon Read présentent ce qui s’apparente à un projet de gouvernement de l’entreprise. Comme le titre l’indique, ce projet repose sur l’engagement des salarié·e·s dans leur activité de travail. Pour les auteurs, la clé de ce projet réside dans le jeu et dans l’état particulier que celui-ci fait naître chez les joueur·euse·s. 
  • Mirror’s edge : détournement exploratoire et parkour vidéoludique
    Le jeu vidéo tout comme chaque œuvre culturelle et artistique est porteur de discours (voir Les discours du jeu vidéo – Médiaphi 22 – Le débat – Janvier 2022). Chacun d’eux porte un regard, une vision du monde, parfois concernant la ville. Plus que cela, il semblerait que le jeu vidéo soit un médium de choix pour traiter de la question urbaine. Dans cet article nous explorerons le lien entre l’appréhension de la ville vidéoludique et celle de la ville réelle par le prisme des discours du jeu Mirror’s edge.