La place de l’enfant dans un monde d’adultes
L’idée selon laquelle les enfants ont besoin d’amis adultes, exprime l’importance de nouer des relations dès le plus jeune âge. C’est un besoin humain. Elle montre aussi un besoin de sécurité. C’est dans S’évader de l’enfance (1974) que John Holt tente de libérer l’enfant de considérations qui ne favorisent pas son bon développement ni son épanouissement le plus fort. Ces considérations sont propres aux adultes, et s’inscrivent dans une éducation normative. La puissance de l’habitude fait que certaines attitudes, certains comportements et discours qu’ont les adultes avec les enfants sont à l’heure actuelle banalisés. Il semble essentiel de savoir ce qui peut être amélioré dans nos relations avec eux pour mieux les considérer et leur laisser une plus juste place dans notre monde de « grandes personnes », en interrogeant ce qui en fait obstacle.
Une hiérarchie
Deux éléments majeurs marquent le fait que l’enfant n’est pas l’égal de l’adulte : L’autorité abusive et l’infantilisation. L’autorité et l’infantilisation. Afin de comprendre le lien entre les deux et d’expliquer cette hiérarchie, il faut d’abord les définir. L’infantilisation consiste en le maintien chez une personne d’un caractère ou d’une mentalité infantiles. L’autorité désigne la prise et la pratique du pouvoir considéré légitime, de se faire obéir. Par exemple, dans le cadre parental elle est normalement et ordinairement comprise comme une évidence, comme quelque chose qui va de soi. Dans l’éducation, c’est l’ordre qui illustre cette autorité. Bien sûr, l’enfant peut désobéir à un ordre. Cela dépend de ce qui le singularise, de son caractère, de sa personnalité, et de la situation.
Dans une relation qu’entretient un adulte avec un enfant, infantilisation s’illustre par la considération selon laquelle ce dernier n’est pas fini. Il est petit et en croissance, il n’est pas assez grand. Il est jeune alors il a des insuffisances intellectuelles et affectives. Il s’agit là de préjugés. Considérer que l’enfant
est en insuffisance c’est déjà le stigmatiser. Voici pourquoi il est nécessaire de le voir d’un nouvel œil.
L’ autorité abusive est ici concernée. L’adulte qui la pratique monopolise l’espace et la parole dont l’enfant a besoin pour s’établir. Plus précisément, il monopolise la prise de décision et la liberté de choix. Tout cela s’étend bien au-delà de la sphère privée. En effet, il semble non négligeable d’interroger les besoins et les droits de l’enfant. Une autorité usée de manière excessive par l’adulte qui encadre le jeune humain se trouvant dans l’enfance, dévoile aussitôt la pratique de l’infantilisation. Cela illustre une certaine domination de l’adulte sur l’enfant, le mineur.
« Ce n’est qu’à notre époque que l’on a inventé cette idée que les enfants ne peuvent se développer comme il convient s’ils ne sont pas constamment sous la garde d’un adulte qui n’a rien d’autre à faire que de le surveiller. »
Des besoins et des droits
L’enfant a des besoins. Outre les besoins vitaux, penser, parler, et se déplacer lui sont indispensables dans ce monde bien sûr. Mais il y en a deux qui sont capitaux pour que celui-ci noue solidement des relations avec les autres, avec des adultes : l’écoute et la reconnaissance. Ce n’est pas seulement pour nouer des relations avec les autres, c’est aussi pour pouvoir s’épanouir et se construire qu’il en a besoin. Pour comprendre quels sont les besoins de l’enfant, il faut en même temps le considérer en dépassant les préjugés qui le stigmatisent.
La singularité d’un enfant implique pour l’adulte responsable de celui -ci, que ce soit à la maison, à l’école, ou au camp de vacances, un accompagnement sur mesure. C’est–à–dire qui prend en compte
toute sa personne. De plus, dépasser ces préjugés, permet de revenir à l’essentiel. Le terme enfant. Il renvoie à une condition. Celui d’être enfant. Ce titre lui donne des droits dans notre société. Sont–ils suffisants ? Ce qui semble s’imposer dans son quotidien, c’est la décision de l’adulte. Tout comme avec l’infantilisation et l’autorité abusive, l’espace dans lequel le jeune être humain se développe est restreint. Ici, c’est son champ d’action qui est limité. Comment et quand peut–il décider et choisir pour lui–même ?
Ainsi, nous revenons à l’essentiel. L’enfant est un être humain et une personne humaine, au même titre que l’adulte. C’est de là que doivent partir toutes nos considérations à son propos. Pour une plus juste reconnaissance de celui–ci et de sa place parmi nous.
Marie Bonjour
Dans la version papier le nom de l’artiste @Ardellyse auteur du dessin utilisé dans cette publication en ligne s’est glissé à la place du nom de l’autrice de l’article Marie Bonjour. Nous profitons donc de la mise en ligne de l’article pour faire valoir cet erratum.