The Monster
Description :
The Monster est un personnage protéiforme, fruit de l’inconscient, il parcourt nos imaginaires et notre ADN. Symbole qui n’a pas fonction de faire autre chose que symboliser, il demeure du royaume du rêve et il est bon de ne pas trop en parler…
Là où il se terre
1. Hier soir j’ai fait un cauchemar terrible, insupportable. Je n’ai pas pu me rendormir après. Pourtant tu sais que j’ai le sommeil facile d’habitude, mais là…
2. C’est un peu flou mais je me souviens assez bien d’une gueule gigantesque. On aurait dit que le monde brûlait en lui. Le pire c’est qu’il n’avait pas de yeux, même pas de nez. Je ne voyais que cette bouche béante…
3. Je me souviens l’avoir fui… l’avoir aperçu au loin. Puis c’est moi qui me suis rapproché de lui, petit à petit… Avant de rencontrer sur ma route un chien méchant. Me pressant le pas.
4. Je suis tombé dans ma course. Face contre terre, j’avais mal. Le chien avait disparu mais je me retrouvais maintenant au milieu d’une foule d’anonymes… Le monstre au milieu. Ils semblaient l’adorer.
5. Puis, sans même que j’y comprenne quoi que ce soit, le monstre commença à dévorer tous les gens qui l’entouraient. Alors que je fuyais à perdre haleine, que je courais à corps perdu, je semblais me déplacer d’une intenable lenteur… Je me suis arrêté en sentant l’absurdité de cette course me prendre. Je me suis alors offert à lui, malgré moi.
6. Il me dévorait les tripes pendant que je le regardais faire. incapable de bouger. Complètement paralysé, je sentais mes organes se retirer de mon corps. Je me retrouvais comme vide. Affreusement vide.
7. Mais il était trop tard. Le monstre aura toujours une longueur d’avance. C’est ce qu’il semblait me dire quand il me regardait de toutes ses dents.
8. Dans l’obscurité, je me suis réveillé en sueur. Aveugle, j’ai dû trouver de nouveaux repères avant de revenir à quelque chose de plus familier, de moins réfléchi. Aujourd’hui, entends-tu, une peur m’habite et je ne sais pas comment m’en débarrasser.
Raison de tout
1. Hier soir j’ai fait un cauchemar terrible, insupportable. Je n’ai pas pu me rendormir après. Pourtant tu sais que j’ai le sommeil facile d’habitude, mais là…
2. C’est un peu flou mais je me souviens assez bien de ma prostration. Je pouvais ne pas m’en souvenir – et je n’y pensais pas la plupart du temps – mais c’était là ; un simple élément anodin, une porte qui claquait, un cri, une violence et c’était tout une scène qui me revenait avec force et terreur…
3. Parfois tout m’agressait, une gueule géante me dévorait de l’intérieur et faisait dysfonctionner tout mon réseau nerveux. Une espèce de ver solitaire de la cervelle qui venait digérer à ma place, recracher à ma place et bourrasquer à ma place…
4. Elle était où ma place d’ailleurs ? Je ne voyais plus rien, empêtré dans la bile d’une viscosité absolument délirante, elle me recouvrait entièrement et faisait peser sur moi un poids rendant chaque mouvement le résultat d’un effort surhumain Sisyphe pris d’une crampe.
5. Des fils partout me traversaient et poussaient certains à écraser d’autres. On avait pas compris la danse à suivre. On ne faisait plus attention au sang qui éclaboussait nos visages. On cherchait à éviter nos propres pas alors forcément qu’on se rentrait dedans. Fallait nous voir nous jeter les uns sur les autres, à se crier dessus et à s’arracher les langues…
6. J’ai vu tous ces gens autour de moi, emportés par la Peste. Servant des intérêts de projets, des intérêts d’annihilation, de privation. Des gens sans tête, sans ventre couraient. Se déchiquetaient pour deux ou trois images. Des préfectures, des banques et des cathédrales dirigeaient l’espace. Foutus temples ! Je me retournais et me jetais sur mon prochain. Arrachais la jugulaire. Parlait trop.
7. Perdu dans un labyrinthe miroir, qui de l’autre ou de moi se trouvait dans le reflet ? J’avais pas vu les fils ; on ne les voyait pas sans une bonne orientation de la lumière. J’avais pas vu la toile. Je pensais le papelard vierge. J’avais pas compris que c’était un tableau, et que j’étais là entre une touche de jaune ocre, de bleu ciel, de rouge vermillon et de gris noirâtre… Bien là.
8. Dans l’obscurité, je me suis réveillé en sueur. Aveugle, j’ai dû trouver de nouveaux repères avant de revenir à quelque chose de plus familier, de moins réfléchi. Aujourd’hui, entends-tu, une peur m’habite et je ne sais comment m’en débarrasser.
O’Lauze