Médiaphi

Suis-je légitime à écrire ?

Écrire un article n’est pas une mince affaire, mais si le rendre public est là où demeure la difficulté ? À travers mon expérience je vais vous partager le quotidien de nombreuses personnes : l’anxiété de ne pas être à la hauteur et globalement la peur de l’échec. Qui sait peut-être vous inciter à vous aussi sauter le pas ; promis ce n’est pas un article qui prône le développement de soi.

Anamnèse

J’étais en train d’écrire mon article lorsque j’ai ressenti le besoin irrépressible de tout supprimer. J’avais travaillé dessus et j’y avais consacré beaucoup de temps et d’énergie. Pourtant lorsque je l’ai bouclé, juste avant de l’envoyer sur le drive de l’équipe du Médiaphi, j’ai décidé de le supprimer. Après tout, personne ne méritait de perdre son temps avec ce ramassis de conneries. Vous l’aurez compris, je suis très critique avec moi-même. Lorsque j’ai dû annoncer à l’équipe que je ne voulais plus publier mon article, iels m’ont assuré que tout le monde se sentait honteux·se de ses articles. Cela m’a d’abord rassurée puis je me suis sentie bête, pourquoi iels arrivent à dépasser leurs peurs et pas moi ? Pourquoi pour la deuxième fois (ce n’est pas la première fois que je renonce à publier un article) je me ravise?

Un problème d’estime ou de confiance en soi ?

La réticence que j’éprouve à publier mon article est tout à fait logique, je me féliciterais presque de faire preuve d’autant de clairvoyance. Je ne sais pas écrire, pire que ça je suis tellement nulle que personne ne mériterait de lire ce que j’ai écrit. Ok, peut être que j’ai un petit problème d’estime de moi quoique ne s’agirait-il pas plutôt d’un manque de confiance en soi ? Y’a-t-il une différence entre les deux ?

L’estime de soi

L’estime de soi désigne en psychologie le jugement ou l’évaluation qu’une personne a de sa propre valeur. Attention l’estime de soi est une composante intrapersonnelle et interpersonnelle. C’est-à-dire que l’estime de soi dépend de la perception que la personne a d’elle-même mais également des autres et de leurs regards et jugements.

La confiance en soi

La confiance en soi, c’est croire en soi, en ses compétences et ses capacités. Elle nous permet d’aller de l’avant, de relever de nouveaux défis et de savoir que les échecs ne sont pas insurmontables. Ce sont les expériences quotidiennes qui nous aident à la renforcer, ou peuvent au contraire avoir une influence négative sur elle.

Dans certains cas plus qu’un « simple » problème de confiance ou d’estime de soi, il peut s’agir d’un véritable syndrome de l’imposteur…

Le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur est basé sur la conviction que les succès obtenus sont juste un coup de chance. Pour les personnes atteintes de ce syndrome, ce n’est qu’une question de temps avant que leur fraude ne soit révélée aux yeux de toustes. Dans le domaine académique par exemple une personne souffrant du syndrome de l’imposteur, bien qu’elle obtienne de bonnes notes, va à chaque examen s’attendre à un échec. Le syndrome de l’imposteur se caractérise entre autres par un manque de confiance en soi et une faible estime de soi mais aussi une peur de l’échec ou encore des doutes constants sur ses capacités…

En ce qui me concerne, peut-être que vous estimerez après avoir lu mon article que j’ai raison de douter de mes capacités d’autrice mais voilà, justement, faut-il impérativement être des expert·es en prose ou en littérature pour pouvoir écrire ?

Pourquoi se forcer ?

Non justement, laisser écrire des personnes ni douées ni terribles, ni génies ni cancres est la solution. Voir que nous aussi on a le droit de nous exprimer artistiquement, qu’il ne faut pas nécessairement tendre vers la perfection pour créer. Finalement la perfection est un idéal, pas quelque chose de concret qu’on peut atteindre. Tout ce que je sais c’est que nous avons le droit de nous exprimer qui que nous soyons et que chacun·e est légitime à mettre sous écrit sa vision du monde.

Au final qui est légitime ?

Tout le monde est légitime, ou peut-être personne. Au final peu importe, non ? Pourquoi devons-nous nous torturer l’esprit à savoir si notre plume vaut la peine d’être lue, et si c’était plutôt à vous lecteurs·ices de juger cela. Vous lirez mon article si vous en avez envie et si vous n’en avez pas envie, eh bien tant pis!

Un saut dans le vide

J’hésite encore à publier mon autre article mais celui-ci, j’insiste, je vais le faire, je vais le publier. Si vous le lisez c’est que j’ai sauté le pas. Dans tous les cas, cet article m’aura aidé parce que j’aurais exprimé mes craintes, l’écriture à des vertus thérapeutiques inespérées. Souvent je me demande ce qui se passe dans la tête des « autres », est-ce que vous aussi vous ressentez la même frayeur avant d’écrire un article, de présenter une création, de vous rendre vulnérables ? J’ose espérer que, pour les personnes qui se sentent comme moi, ce bref texte égocentré vous aura montré que non, vous n’êtes pas seul·es !

Julia Antonowska

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