POT-AU-PHI #4 - Les Médiations Philosophiques

Le POT-AU-PHI est de retour après les vacances avec un article sur les fibres et un court extrait d’une oeuvre de Ludwig Feuerbach : Le Mystère du sacrifice ou L’homme est ce qu’il mange.

INTRODUCTION SUR LES FIBRES –

Les fibres alimentaires végétales sont des glucides non assimilables.

Ce sont des polymères de glucides qui sont non digérés et non absorbés par l’organisme. Par conséquent, elles n’ont pas de valeur calorique.

Les fibres sont présentes naturellement dans les aliments.

Il existe deux sortes de fibres :

❖ Solubles : solubles dans l’eau, elles forment une sorte de gel qui se répartie sur la paroi de l’intestin et ralentit donc l’absorption des nutriments, ce qui est positif.

Exemple : pectine, guar agar

❖ Insolubles : non solubles dans l’eau, elles sont dégradées partiellement dans le côlon puis excrétées.

Exemple : cellulose, hémicellulose

PRÉSENTATION : L’HOMME EST CE QU’IL MANGE –

Philosophe bavarois du XIXe siècle, Feuerbach écrit pour la première fois l’expression restée célèbre « l’homme est ce qu’il mange » en 1850, dans la présentation de son Traité populaire sur les aliments. C’est ensuite en 1862 qu’il rédige un traité consacrée à cette affirmation.

« […] j’ai transformé aussitôt un sujet de gastrologie (science de l’estomac, du goût), en sujet de théologie et inversement […] et ayant fait ainsi, je me flatte de l’espoir d’avoir apporté une contribution, certes courte mais décisive à cette question toujours litigieuse : quel est donc le vrai sens du sacrifice de la nourriture et de la boisson? »

Ludwig Feuerbach, L’homme est ce qu’il mange, 1862, Préface, Traduction d’Anne-Marie Pin, Paris, Hermann, 2012, page 102

L’ARTICLE DIÉTÉTIQUE

Si les fibres sont ingérées dans de bonnes quantités, elles permettent une évacuation optimale des déchets présents dans le corps.

RÔLES –

Elles ont bon nombre d’effets bénéfiques :
❖ Augmentation de production des selles : évite les constipations
❖ Diminution du taux de cholestérol à jeun
❖ Diminution de la glycémie et/ou du taux d’insuline dans le sang après les repas
❖ Prévention des maladies cardiovasculaires
❖ Action positive sur la satiété

Ainsi elles permettent de réguler le transit intestinal et d’améliorer les troubles fonctionnels (diarrhées, constipations).

BESOINS –

Les besoins en fibres pour un adulte bien portant est de 30 g par jour.

Pour augmenter l’efficacité des fibres il est important d’avoir un apport hydrique suffisant : autrement dit, consommer 1,5 L d’eau par jour (le volume varie en fonction des personnes).

CONSEILS –

Les fibres sont présentes naturellement dans les aliments. Cependant, il est possible de choisir des produits naturellement plus riches en fibres. Par exemple :

❖ Les aliments dit « complets » ils seront plus riches en fibres. Exemple : pain complet, céréales complètes

❖ Les fruits secs tels que les amandes, noix de cajou, noix. Ils apportent de bonnes graisses et
des minéraux.

❖ Les légumineuses tels que les haricots rouges, pois chiches, lentilles. Elles sont sans gluten et riches en protéines végétales. De plus, elles aident à prévenir certains cancers comme celui du côlon.

❖ Consommer 5 fruits et légumes par jour. Ce n’est pas une légende, cette quantité permet d’apporter des fibres en plus des vitamines et minéraux essentiels. Les légumes sont par ailleurs très peu caloriques et rassasient plus rapidement.

Céline MONTILLET, étudiante en diététique

L’EXTRAIT PHILOSOPHIQUE

– L’homme est ce qu’il mange –

« L’homme est ce qu’il mange. « Quelle expression cocasse de pseudo-sagesse moderne sensualiste! ». Toutefois la vénérable Antiquité, et déjà « le père de l’Art poétique grec » a exprimé cette idée cocasse en nommant les peuples uniquement d’après la nourriture qui les différencie les uns des autres. C’est ainsi que dans L’Iliade, les Hippomologues, une tribu nomade scythe¹, sont appelés par Homère, les Glactophages, c’est-à-dire les mangeurs de lait alors que déjà le nom « hippomologues » lui-même signifie trayeur de chevaux, buveur de lait de cheval ; c’est ainsi que dans L’Odyssée, un peuple chez lequel Ulysse arrive au cours de ses pérégrinations est appelé Mangeur de lotus. […]

A l’instar d’Homère, les géographes et historiographes grecs définissent les peuples en se référant seulement à leur nourriture la plus succulente ou la plus surprenante, et parlent en conséquence des Ichthyphages (des mangeurs de poissons), des Celonophages (des mangeurs de tortues), des Acridophages (des mangeurs de sauterelles), des Strutophages (des mangeurs d’autruches), des Rhizophages (des mangeurs de racines) […].

Homère situe même dans la différence des aliments, la différence entre les dieux et les hommes. Chez la déesse Calypso, on présente à Ulysse « toutes sortes de nourritures afin qu’il mange et boive ce que les mortels consomment », mais à la déesse, les servantes ont servi de l’ambroisie et du nectar. Dans l’Iliade, il est expressément écrit : « les dieux ne mangent pas de pain et ne boivent pas non plus de vin pétillant, c’est pourquoi ils n’ont pas de sang et s’appellent immortels. » Ils mangent de l’ambroisie ; mais l’ambroisie signifie selon les Anciens : mets immortels, selon les Modernes, c’est un substantif qui signifie tout simplement immortalité. Dieu est ce qu’il mange ; il mange de l’ambroisie, c’est-à-dire l’immortalité ou un met immortel, donc il est un immortel, un dieu ; l’homme par contre mange du pain, les fruits de la terre, donc des nourritures terrestres, pas de l’ambroisie, des nourritures mortelles, donc il est un homme, un mortel.

Telle nourriture, telle essence, telle essence, telle nourriture. Chacun mange strictement ce qui est conforme à son individualité ou sa nature, son âge, son sexe, sa classe et son métier, sa dignité. »

1- ensemble de peuples indo-européens d’Eurasie ayant vécu leur apogée entre le VII^e siècle avant J.-C. et la fin de l’Antiquité

Ludwig Feuerbach, Ethique : l’Eudémonisme, 1867-1869, suivi de L’homme est ce qu’il mange, 1862, Traduction d’Anne-Marie Pin, Paris, Hermann, 2012, pages 102 à 104