Pot-au-phi

POT-AU-PHI #1

Pour ces quelques semaines consacrées à l’alimentation, on vous propose pour commencer un texte plutôt léger extrait des Mythologies de Roland Barthes, puis un article sur les protéines et une vidéo recette écrits par Céline, étudiante en diététique.

INTRODUCTION SUR LES PROTEINES –

Les protéines se présentent sous deux formes :

❖ Animales : poulet, poisson…

❖ Végétales : soja, tempeh…

Une protéine est constituée de plusieurs acides aminés. Il existe 9 acides aminés indispensables pour l’organisme. Les différences entre ces deux formes de protéines sont : 

❖ PROTEINES ANIMALES : 

Elles contiennent tous les acides aminés indispensables. De plus, les protéines animales contiennent une vitamine appelée la B12. C’est une vitamine indispensable pour le corps qui aide à former les globules rouges. 

❖ PROTEINES VEGETALES : 

Elles peuvent être déficientes en certains acides aminés. Toutefois, les aliments d’origine végétale permettent d’apporter des fibres, minéraux et moins de graisse que les aliments d’origine animale.

PRESENTATION DES MYTHOLOGIES –

Roland Barthes, philosophe français du XXe siècle, propose dans cette oeuvre une analyse sémiologique et sociologique des mythes qui entourent certains objets de la vie quotidienne française de son époque.

« Le départ de cette réflexion était le plus souvent un sentiment d’impatience devant le « naturel » dont la presse, l’art, le sens commun affublent sans cesse une réalité qui, pour être celle dans laquelle nous vivons, n’en est pas moins parfaitement historique »

« […] j’étais déjà persuadé d’une chose dont j’ai essayé ensuite de tirer toutes les conséquences : le mythe est un langage. »

Roland Barthes, Mythologies, Avant-propos, 1957, Editions du Seuil, Collection Points – Essais, page 9

LA VIDEO RECETTE

L’ARTICLE DIETETIQUE

RÔLES – 

Les rôles majoritaires des protéines sont des rôles fonctionnels et structurels de l’organisme.

Effectivement, elles permettent de maintenir la masse maigre (peau, os, muscles, organes, liquides) et donc d’aider par exemple au renouvellement musculaire.

Les protéines jouent aussi un rôle de défense avec les anticorps.

Enfin, elles aident à plusieurs réactions métaboliques ou encore à transporter les substances dans le sang.

BESOINS – 

En France, nous consommons généralement trop de protéines animales. L’apport dit de « sécurité » est de 0,8g de protéines / Kg de poids de corps / jour. 

RISQUES – 

Les protéines sont composées d’azote, molécule filtrée par les reins et excrétée dans l’urine. Ainsi, avoir une surconsommation de protéines, notamment animales, signifie une suractivité rénale. 

Actuellement, plusieurs recherches sont faites concernant les effets indésirables d’une surconsommation de protéines.

CONSEILS – 

❖ Si vous êtes végétariens, il est intéressant de trouver des sources de protéines dans des produits variés. Par exemple, les produits laitiers et les oeufs sont un bon moyen d’apporter des protéines et de la vitamine B12. Les protéines de l’œuf sont d’ailleurs qualifiées de protéines de référence. Aussi, cumuler des féculents et des légumes secs lors d’un repas permet d’aider à apporter tous les acides aminés. 

❖ Pour les vegans, il est recommandé de se renseigner avant de commencer cette alimentation pour maintenir une bonne santé. Un professionnel pourrait par ailleurs vous guider dans vos démarches. Par exemple, au début vous pouvez peser certains aliments pour avoir une idée des quantités minimums pour une source de protéines adéquate. Comme pour tous les régimes alimentaires, il est important de diversifier son alimentation et de chercher de nouvelles sources de nutriments. Comme expliqué précédemment, les produits d’origine animale permettent d’apporter de la B12. Cela signifie qu’en tant que vegan, il est important de prendre une supplémentation. 

❖ Pour les personnes qui mangent de la viande, il est important de varier aussi ses sources, qu’elles soient animales ou végétales. Par ailleurs, il est nécessaire de se questionner quant à la quantité de viande consommée. Très souvent cette quantité est trop importante. Diminuer la viande mais augmenter la qualité peut être une solution pas plus couteuse et meilleure pour la santé.

❖ Pour tous ces régimes, il est important de faire un suivi, une fois par an par exemple, pour vérifier qu’il n’y ait pas de carences. Cela peut engendrer de la fatigue mais aussi des soucis plus graves. Une carence en B12 est longue à s’installer mais une fois présente elle peut faire de sérieux dégâts.

Céline MONTILLET, étudiante en diététique

L’EXTRAIT PHILOSOPHIQUE

– Cuisine ornementale – 

« Le journal Elle (véritable trésor mythologique) nous donne à peu près chaque semaine une belle photographie en couleurs d’un plat monté : perdreaux dorés piqués de cerises, chaud-froid de poulet rosâtre, timbale d’écrevisses ceinturée de carapaces rouges, charlotte crémeuse enjolivée de dessins de fruits confits, génoises multicolores, etc. 

    Dans cette cuisine, la catégorie substantielle qui domine, c’est le nappé : on s’ingénie visiblement à glacer les surfaces, à les arrondir, à enfouir l’aliment sous le sédiment lisse des sauces, des crèmes, des fondants et des gelées. Cela tient évidemment à la finalité même du nappé, qui est d’ordre visuel, et la cuisine d’Elle est une pure cuisine de la vue, qui est un sens distingué. Il y a en effet dans cette constance du glacis une exigence de distinction. Elle est un journal précieux, du moins à titre légendaire, son rôle étant de présenter à l’immense public populaire qui est le sien (des enquêtes en font foi) le rêve même du chic ; d’où une cuisine du revêtement et de l’alibi, qui s’efforce toujours d’atténuer ou même de travestir la nature première des aliments, la brutalité des viandes ou l’abrupt des crustacés. Le plat paysan n’est admis qu’à titre exceptionnel (le bon pot-au-feu des familles), comme la fantaisie rurale de citadins blasés. 

    Mais surtout, le nappé prépare et supporte l’un des développements majeurs de la cuisine distinguée : l’ornementation. Les glacis d’Elle servent de fonds à des enjolivures effrénées: champignons ciselés, ponctuation de cerises, motifs au citron ouvragé, épluchures de truffes, pastilles d’argent, arabesques de fruits confits, la nappe sous-jacente (c’est pour cela que je l’appelais sédiment, l’aliment lui-même n’étant plus qu’un gisement incertain) veut être la page où se lit toute une cuisine en rocaille (le rosâtre est la couleur de prédilection).    

    L’ornementation procède par deux voies contradictoires dont on va voir à l’instant la résolution dialectique : d’une part fuir la nature grâce à une sorte de baroque délirant (piquer des crevettes dans un citron, rosir un poulet, servir des pamplemousses chauds), et d’autre part essayer de la reconstituer par un artifice saugrenu (disposer des champignons meringués et des feuilles de houx sur une bûche de Noël, replacer des têtes d’écrevisses autour de la béchamel sophistiquée qui en cache les corps). C’est ce même mouvement que l’on retrouve d’ailleurs dans l’élaboration des colifichets petits-bourgeois (cendriers en selles de cavalier, briquets en forme de cigarettes, terrines en corps de lièvres). 

    C’est qu’ici, comme dans tout art petit-bourgeois, l’irrépressible tendance au vérisme est contrariée – ou équilibrée – par l’un des impératifs constants du journalisme domestique : ce qu’à l’Express on appelle glorieusement avoir des idées. La cuisine d’Elle est de la même façon une cuisine « à idées ». Seulement, ici, l’invention, confinée à une réalité féerique, doit porter uniquement sur la garniture, car la vocation « distinguée » du journal lui interdit d’aborder les problèmes réels de l’alimentation (le problème réel n’est pas de trouver à piquer des cerises dans un perdreau, c’est de trouver le perdreau, c’est-à-dire de le payer).     

Cette cuisine ornementale est effectivement supportée par une économie tout à fait mythique. Il s’agit ouvertement d’une cuisine de rêve, comme en font foi d’ailleurs les photographies d’Elle, qui ne saisissent le plat qu’en survol, comme un objet à la fois proche et inaccessible, dont la consommation peut très bien être épuisée par le seul regard. C’est, au sens plein du mot, une cuisine d’affiche, totalement magique, surtout si l’on se rappelle que ce journal se lit beaucoup dans des milieux à faibles revenus. Ceci explique d’ailleurs cela: c’est parce qu’Elle s’adresse à un public vraiment populaire qu’elle prend bien soin de ne pas postuler une cuisine économique. Voyez l’Express, au contraire, dont le public exclusivement bourgeois est doté d’un pouvoir d’achat confortable : sa cuisine est réelle, non magique; Elle donne la recette des perdreaux-fantaisie, l’Express, celle de la salade niçoise. Le public d’Elle n’a droit qu’à la fable, à celui de l’Express on peut proposer des plats réels, assuré qu’il pourra les confectionner. »

Roland Barthes, Mythologies, « Cuisine ornementale », 1957, Editions du Seuil, Collection Points – Essais, pages 120-121

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